jeudi 18 août 2011

Troisième carnet de voyage en Irlande : Le Connemara (première partie)

Après ce tout petit détour par les monts Wicklow, direction le Connemara ! Juste le temps de faire un petit coucou à Dublin lorsque nous retrouvons la circulation un peu dense de son périphérique et puis  nous empruntons l'autoroute qui rallie la capitale à la côte ouest et c'est  deux heure de plat pays qui défile devant nous. Pour peu, nous nous croirions revenu en Belgique. C'est plat, plat, plat !!! Au deux tiers du voyage, nous dépassons la Shannon et je repense à ce que Cromwell  a dit en repoussant les Irlandais à l'Ouest de ce même fleuve : "En Connaught, ou en enfer !".
Toute la complexité du Connemara est là : des paysages somptueux mais une terre dure, difficile à travailler. Les vallées riantes aux pieds des Twelve bens sont d'une beauté quasi magique mais en fait ce ne sont que des tourbières. On comprend alors la rudesse de la vie ici il y a des années de cela pour les Irlandais catholiques repoussés, exilés dans la plus petite des provinces mais aussi la plus infertile. Elle fut donc à une certaine époque la région la plus peuplée de l'île. Non seulement, l'Irlandais s'est battu contre l'oppresseur britanique mais aussi contre cette nature implacable pour finalement en tirer le meilleur. A force de ténacité, d'adaptation et  de sacrifices, le Connaught (et le Connemara qui en fait partie) devint une région où le mode de vie irlandais perdura... jusqu'à la grande famine de 1845.



Le connemara : terre de légende mais aussi terre d'histoire et de souffrance. Il serait dommage d'entrer dans cette région sans en connaître son passé : ici la nature, les hommes, l'histoire sont inextricablement liés.

Galway, porte d'entrée du Connemara, est notre première étape. C'est une ville accueillante, où il est bon de prendre son temps. Port créé en 1235 par les Anglo-Normands à côté de Claddagh, un petit village de pêcheur, on y parlait le Français et ensuite l'Anglais. Bref, on y parlait "l'étranger", ce qui se traduit par "gall" en gaélique.


L'incontournable Quai strreet, appelé aussi le Latin Quarter of Ireland nous attend avec ses maisons aux couleurs chatoyantes, ses belles enseignes, ses pubs et ses petits restos. Pour les accros du shopping, il ne faut pas manquer cette balade dans le centre de Galway, flâner entre les boutiques, acheter un CD de musique irlandaise au Zivago, regarder avec envie la petite vitrine du Thomas Dillon, petit atelier d'orfèvre où l'on construit la fameuse bague de claddagh depuis 1750.

Le coeur symbolise l'amour, les mains l'amitié et la couronne la loyauté.
Il y a quelques légendes pour expliquer l'origine de cette bague. Ma préférée (et sans doute celle qui est la plus proche de la vérité) est l'histoire de Richard Joyce, originaire de Galway, parti travailler dans les Caraïbes et qui projetait de se marier au grand amour de sa vie à son retour. Mais sur le chemin, il se fit capturer et ensuite vendre comme esclave à un forgeron maure. C'est à Alger, avec son nouveau maître qu'il fut formé à cet art. Quand Guillaume III demanda aux Maures de relâcher tous les prisonniers britanniques, Joyce fut libéré. Il retourna au pays pour retrouver celle qui l'attendait depuis toujours et ils se marièrent. Il lui offrit la bague forgée pendant sa captivité.


Vers midi, attiré par les odeurs de friture dans Quay Street , notre petit loulou nous supplie de rentrer dans un fish&chips. Nous ne le savions pas encore, mais le Mcdonagh's (et pas le McDonald qui se trouve un peu plus loin dans la rue) est réputé pour être le meilleur fish&chips d'Irlande. A l'intérieur, décor marin du côté restaurant, et décor plus sobre avec de grandes tables et des banquettes du côté fastfood. Au mur, de nombreuses photos avec le personnel (ceux-là même qui vous servent) en compagnie de stars américaines (la plupart d'origine irlandaise) venues faire un petit tour par là. C'est rempli d'étudiants à midi, l'ambiance est conviviale et les serveurs très gentils. Et puis arrive l'assiette... avec une grosse patate, ils coupent 4 frites (j'exagère, disons 6 frites). Elles sont énormes, il y en a beaucoup... et j'ai déjà peur de les trouver mal cuites ou pas cuites du tout à l'intérieur. J'avais tout faux : on ne proclame pas n'importe quoi "meilleur fih&chips" en Irlande. La pomme de terre est goûteuse et bien cuite malgré la taille. La brochette de poisson n'est pas mauvaise. Attention, cela reste de la restauration rapide. A connaître si on tient absolument à goûter ce must de la gastronomie outre-manche. Dernière précision, après le McDonagh's, nous avions l'estomac calé jusqu'au coucher du soleil (et il s'est couché à 23H).

Après nos flâneries, nos achats et notre copieux repas, il nous faut rentrer dans le "vrai connemara", celui des petits villages où l'on parle encore le gaélique, celui de cette nature implacable aux paysages magnifiques. Pour rejoindre Clifden, nous pouvons emprunter deux chemins : celui longeant la côte ou alors celui passant par l'intérieur des terres.
Nous décidons de longer l'océan et traverser les petits villages côtier comme Roundstone.

Rues pentues et maisons colorées font le charme de ce petit port. Une petite promenade s'impose pour découvrir quelques ateliers artisanaux.



Si je peux donner un conseil : ne pas hésiter à s'arrêter le long de cette route et admirer à quel point les paysages changent brusquement d'un virage à l'autre : des terres rocailleuses et un littoral tourmenté alternent avec des vastes vallées avec ses lacs semés d'îles pour peu qu'on ose sortir des sentiers battus. Une petite route rejoint cashel à travers la lande et offre une vue superbe sur la bruyère et les montagnes du Connemara.


Juste après Roundstone, à l'ombre de l'Errisberg,  il y a les deux plus belles plages du Connemara pour faire une petite trempette. Enfin, juste le gros orteil car en juin, l'eau est gla gla ! Nous sommes courageux mais pas téméraires. Gurteen Bay et Dog's Bay Strand sont deux plages de sable fin admirablement bien protégées. La mer possède des nuances de bleu extraordinaires. Je vous plante un palmier et jamais vous ne pourriez deviner qu'il s'agit d'une plage irlandaise.


Enfin, nous arrivons à Mannin Bay. C'est une grande anse ouverte sur l'Atlantique, paradis des otaries (mais nous n'en avons malheureusement pas vu). De l'autre côté, nous attends le cottage que nous avons décidé de louer : le Rockadoon. Lucia et Robert nous accueillent chaleureusement, comme si nous nous connaissions depuis des années et pourtant c'est la première fois que nous nous rencontrons. Le cottage est magnifique, encore plus beau que nous l'imaginions.


Il est situé sur la péninsule de Errislannan. Nous nous trouvons proche du lieu d'attérissage du premier vol transatlantique d'Alcock et Brown en 1919 ou encore de l'endroit ou fut construite la principale station de télégraphe sans fil de Marconi. Le temps pour nous de déboucher notre première bouteille de cidre et au loin quelques gouttes de pluie commencent à tomber. Il ne nous reste qu'à admirer un magnifique arc-en-ciel depuis la terrasse.


A suivre...

8 commentaires:

  1. C'est magnifique ! Et quel boulot de guide touristique ;-)

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  2. Merci pour ce petit tour et cette leçon d'histoire. C'est tellement plus agréable d'apprendre des choses avec de belles images :)
    J'ai une amie qui est partie en Irlande cet été, ces photos donnent envie d'y mettre les pieds. Comme les tiennes nous font voyager !
    Bonne journée

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  3. Merci Sylvie et Sabrina ;-)
    Sabrina, je te souhaite de connaître l'Irlande. Par ces petits billets que j'ai beaucoup de mal à écrire tellement j'aimerais en dire plus et en montrer plus, j'espère vous donner envie de découvrir ce pays. Il est vraiment fabuleux.

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  4. Tu es un guide merveilleux...Au travers de tes reportages, ton amour pour ce beau pays transparait à chaque instant...
    à bientôt pour la suite;)
    Amicalement de la vallée

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  5. Marie Thérèse : un grand merci. Cela me touche !

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  6. Ca a l'air très chouette l'Irlande.

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  7. Ho dis donc qu'est ce que c'est beau! C'est un pays que j'aimerais bcp visiter :) Et effectivement tu ns aurais planté un palmier jamais je n'aurais pensé à une plage d'Irlande... :) Merci pour le partage.

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  8. Je ne peux que te conseiller d'y aller Isa. C'est encore plus beau lorsqu'on le voit par ses propres yeux ! L'Irlande me manque et j'aimerais beaucoup y retourner...

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